Quarante ans de musique : la carrière de Dan Bédard – Partie 1

Bienvenue à mon blogue

La vie peut souvent nous surprendre. Nous emporter dans toutes sortes de directions. Nous faire vivre des aventures inattendues… Du moins, c’est ce que je pensais. Mais avant de commencer à vous raconter tout mon bla-bla, je me présente.

Je m’appelle Daniel Bédard, Dan pour les proches. Et malgré ma décision de faire carrière en musique dans le nord de l’Ontario, j’ai toujours réussi, d’une façon ou d’une autre, à payer mon loyer et à acheter mon Kraft Dinner.

De temps en temps, en jasant avec des artistes de la relève, ou avec un certain ami sociologue, on me demande souvent comment j’ai pu survivre et travailler pendant plus de 40 ans dans un domaine si précaire.

Qu’est-ce qui m’a amené jusqu’ici? Pour être honnête, je n’ai jamais vraiment connu la réponse. Mais dernièrement (appelons ça de la sagesse), je commence à remarquer qu’un fil conducteur s’est tracé. Une courtepointe de rencontres, de projets et d’aventures qui m’a amené à exercer ce métier pendant tout ce temps.

Voici donc mon p’tit blogue. Je retracerai le fil de ma vie en vous contant des histoires et des anecdotes. Elles seront accompagnées de photos, de coupures de journaux, et d’autres clips audio et vidéo. J’espère que vous les trouverez intéressants et peut-être même amusants.

Sans plus tarder, commençons par le commencement : la naissance de mon grand-père Prud’homme.

Musique et chaises berçantes

 

 

Michel Prud’homme, mon grand-père maternel, est né en 1900 à Ottawa. À l’âge de 4 ans, ses parents déménagent à Warren pour cultiver la terre.

Michel commence à travailler dans les camps de bûcheron à 12 ans. Éventuellement, il se lance dans la drave et la menuiserie.

 

 

 

 

En 1921, il se marie avec Rosalie Simon de Warren, ma grand-mère. Ils ont 16 enfants et 43 petits enfants.

 

 

Mes grands-parents ont bâti une maison au milieu du bois, aux alentours de Markstay. C’est là, dans cette petite maison, que ma longue aventure avec la musique a commencé.

Quand j’étais petit, les dimanches après-midi se passaient chez mémère et pépère. Leur maison était toujours remplie d’oncles et de tantes qui chantaient ou jouaient d’un instrument quelconque.

Tout se passait autour de la table de cuisine. Personne n’a jamais vu cette table; mais il devait bien y avoir quelque chose sous la montagne de bouffe qui flottait au milieu de la cuisine. Pis mémère qui s’excusait toujours de ne pas avoir fait assez à manger!

Mononcle Télesphore, l’aîné de la famille et historien musical, avait le plus gros répertoire de vieilles chansons à répondre quasi oubliées. Mononcle Don, avec sa voix d’or, connaissait toutes les chansons de Charlie Pride. Matante Yvette avait certainement la voix la plus forte. Les jumeaux, Noël et Aurel, faisaient les harmonies. Malgloire chantait son ténor, mais seulement après s’être bien lubrifié la gorge…

Mon père ajoutait un peu de couleur au violon pendant que ma mère l’accompagnait à la guitare.

Même pépère, un homme très à l’aise dans le silence, nous surprenait de temps en temps avec une chanson. Écoutez un extrait ici.

 

Comment est-ce que j’aurais pu imaginer une vie sans musique?

 

Quand les choses étaient plus tranquilles, je passais beaucoup de temps à me bercer en silence avec mon grand-père.

Il avait bâti une version miniature de sa propre chaise berçante pour moi. J’aimais imaginer que c’était la mienne, mais à vrai dire, je la partageais avec toute la trâlée de petits-enfants.

Des fois, je lui parlais de mes dilemmes d’enfant. Un jour, en discutant, mon grand-père m’a offert le plus beau des cadeaux : le moment qui a assuré mon avenir de musicien.

En 2e année, je faisais partie du chœur de chant. On était en train de répéter lorsque la professeure de musique me prend de côté et me demande de faire le poisson pendant la compétition. Tu sais, bouger les lèvres, mais ne pas produire de son?

Clairement, elle pensait que je chantais mal et ne voulait pas que je ruine ses chances de gagner. J’étais pas mal insulté.

 

Ce dimanche-là, en me berçant avec pépère, je lui raconte ma peine. Qu’est-ce que je devrais faire? Après un très long silence, il se tourne vers moi et me demande : « Pis toé, qu’est-ce tu veux faire? » Ben, je réponds que je veux chanter. Il me sourit : « Voilà ta réponse. »

Si j’ai continué à bûcher comme musicien, malgré les critiques, les défaites, les difficultés imposées et les défis, c’est sans doute grâce à ce moment sincère partagé avec mon grand-père sur nos chaises berçantes.

À suivre...

Restez à l’affût pour la prochaine partie du blogue Quarante ans en musique : la carrière de Dan Bédard !

Ce blogue a été rédigé par Dan Bédard et révisé par Normand Renaud.

 

Dan Bédard a œuvré en tant que réalisateur / arrangeur, musicien et directeur musical auprès de plusieurs artistes, dont Michel Dallaire, Jacinthe Trudeau et Stef Paquette. Il a été directeur musical pour plusieurs éditions de « Ontario Pop », du festival « Quand ça nous chante » et de « La nuit sur l’étang ». Au mois de mai 2017, il est présenté avec le Prix hommage pour l’ensemble de son oeuvre comme réalisateur, compositeur, musicien et concepteur sonore, lors du Gala Trille Or à Ottawa mai 2017, et fût récipiendaire du Prix de contribution exceptionnelle aux arts à la Célébration du maire pour les arts à Sudbury au mois de juin 2018.